Marvin Harris: Un Anthropologue Matérialiste

Introducción

Marvin Harris (1927-2001) était un anthropologue américain connu pour son approche matérialiste de la culture et son influence sur l’anthropologie américaine du XXe siècle. Ses travaux ont exploré les relations entre les systèmes culturels et les conditions matérielles de la vie humaine.

Vida temprana y educación

Marvin Harris est né le 18 août 1927 à Brooklyn, New York. Il a grandi dans un milieu modeste et a fréquenté des écoles publiques. Son intérêt pour l’anthropologie a été suscité dès son adolescence, influencé par la lecture de livres sur les cultures anciennes et les peuples indigènes. Après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires en 1944, Harris s’est enrôlé dans l’armée américaine pendant la Seconde Guerre mondiale, servant dans le Pacifique. À son retour, il a fréquenté l’Université de Columbia, où il a obtenu un baccalauréat en anthropologie en 1948.

Harris a poursuivi ses études à l’Université de Columbia, obtenant une maîtrise en anthropologie en 1953 et un doctorat en 1956. Sa thèse de doctorat, intitulée “The Cultural Ecology of the Swidden-Agriculture of the Pacaas Novos of Brazil”, a jeté les bases de sa future recherche sur les relations entre la culture et l’environnement. Pendant ses études, Harris a été fortement influencé par les travaux de Julian Steward, un anthropologue qui a développé la théorie de l’écologie culturelle, qui mettait l’accent sur l’adaptation humaine aux environnements.

Carrera académica

Après avoir obtenu son doctorat, Harris a commencé sa carrière universitaire à l’Université de Michigan, où il a enseigné pendant plusieurs années avant de rejoindre l’Université Columbia en 1968.

Anthropologie culturelle

Marvin Harris était un fervent défenseur de l’anthropologie culturelle, une branche de l’anthropologie qui se concentre sur l’étude de la culture humaine et de ses variations à travers le monde. Il croyait fermement que la culture était un produit de l’adaptation humaine à l’environnement et aux conditions matérielles, et que les pratiques culturelles, aussi étranges qu’elles puissent paraître, étaient souvent le résultat de solutions pratiques à des problèmes pratiques. Cette approche, qu’il a développée et nommée “matérialisme culturel”, a été au cœur de sa carrière et a profondément influencé le champ de l’anthropologie culturelle.

Harris s’est opposé aux interprétations culturalistes de la culture, qui mettaient l’accent sur les idées, les valeurs et les croyances comme moteurs du comportement humain. Il argumentait que ces aspects étaient souvent des justifications post-hoc pour des pratiques culturelles qui étaient en réalité motivées par des facteurs matériels et économiques. Il a critiqué les approches interprétatives de l’anthropologie, qui cherchaient à comprendre la signification et le sens des pratiques culturelles, en les qualifiant de “romantisme” et de “subjectivisme”.

L’anthropologie culturelle, selon Harris, devait être une science objective qui cherchait à identifier les causes et les conséquences des pratiques culturelles. Il a appelé à une approche plus rigoureuse et plus systématique de l’étude de la culture, en utilisant des méthodes quantitatives et des analyses statistiques pour tester des hypothèses et développer des théories générales sur le fonctionnement de la culture humaine.

Materialisme culturel

Le matérialisme culturel, théorie développée par Marvin Harris, est un cadre théorique qui explique les phénomènes culturels par leurs relations avec les conditions matérielles de la vie humaine. Harris soutenait que les besoins fondamentaux de survie, tels que la nourriture, le logement et la sécurité, sont les principaux moteurs de l’évolution culturelle. Il affirmait que les pratiques culturelles, même celles qui semblent étranges ou irrationnelles, sont souvent des adaptations à l’environnement et aux contraintes matérielles.

Harris a utilisé des exemples concrets pour illustrer son approche. Par exemple, il a étudié les tabous alimentaires, comme l’interdiction de manger du bœuf dans l’hindouisme. Il a soutenu que cette interdiction n’était pas due à des raisons religieuses, mais plutôt à des considérations pratiques. En Inde, les vaches étaient essentielles à l’agriculture et à la production de lait, et les tuer aurait été économiquement irrationnel. L’interdiction du bœuf était donc une adaptation à l’environnement et aux besoins matériels de la société indienne.

Harris a également étudié les pratiques de guerre, les systèmes de parenté et les croyances religieuses, en les expliquant comme des adaptations aux conditions matérielles. Il a utilisé des données anthropologiques et archéologiques pour soutenir ses arguments, et a cherché à identifier les mécanismes par lesquels les facteurs matériels influencent les pratiques culturelles.

Évolution culturelle

Harris a intégré la notion d’évolution culturelle à son approche matérialiste. Il soutenait que les cultures évoluent au fil du temps en réponse aux changements dans l’environnement et aux contraintes matérielles. Il a distingué deux types d’évolution culturelle ⁚ l’évolution parallèle et l’évolution convergente.

L’évolution parallèle se produit lorsque des cultures distinctes développent des traits similaires en réponse à des conditions environnementales similaires. Par exemple, Harris a observé que les sociétés agricoles dans le monde entier ont développé des systèmes de parenté similaires, tels que l’exogamie et la patrilocalité. Il a suggéré que ces similitudes étaient dues aux contraintes matérielles de l’agriculture, qui nécessitent une main-d’œuvre stable et une organisation sociale qui favorise la coopération.

L’évolution convergente se produit lorsque des cultures distinctes développent des traits similaires en réponse à des pressions sélectives similaires, même si leurs conditions environnementales initiales sont différentes. Par exemple, Harris a étudié les pratiques de cannibalisme dans certaines cultures, en les expliquant comme une adaptation à la pénurie de protéines. Il a soutenu que le cannibalisme était une stratégie pour survivre dans des environnements difficiles, et que les cultures qui ont adopté cette pratique ont développé des systèmes de croyances et de rituels pour la justifier.

L’approche évolutionniste de Harris a été controversée, certains critiques l’accusant de réductionnisme et d’ethnocentrisme. Cependant, ses travaux ont contribué à l’étude de l’évolution culturelle et ont stimulé le débat sur les relations entre les cultures, l’environnement et les conditions matérielles de la vie humaine.

Principales œuvres

Marvin Harris a publié plusieurs ouvrages influents qui ont contribué à façonner le champ de l’anthropologie. Parmi ses œuvres les plus connues, on trouve⁚

Cows, Pigs, Wars, and Witches⁚ The Riddles of Culture

Publié en 1974, Cows, Pigs, Wars, and Witches⁚ The Riddles of Culture est l’un des ouvrages les plus célèbres de Harris. Il y explore les fondements matériels de divers aspects de la culture, notamment les tabous alimentaires, les pratiques religieuses et les conflits intergroupes. Harris soutient que les croyances et les pratiques culturelles, même celles qui semblent absurdes ou irrationnelles, ont souvent des bases matérielles et fonctionnelles.

Par exemple, Harris analyse le tabou hindou contre la consommation de bœuf. Il argumente que ce tabou est lié à l’importance économique des vaches dans l’agriculture indienne. Les vaches sont utilisées pour le labour, la production de lait et le fumier, ce qui en fait un bien précieux. La consommation de bœuf, en revanche, est considérée comme une pratique inefficace et coûteuse, car les vaches sont plus utiles vivantes que mortes.

Harris applique cette logique matérialiste à d’autres exemples, tels que les pratiques de sorcellerie en Nouvelle-Guinée, les guerres tribales en Amazonie et les croyances religieuses en Afrique. Il montre comment les contraintes environnementales, les ressources disponibles et les besoins de survie influencent les systèmes culturels et les pratiques sociales.

Cannibals and Kings⁚ The Origins of Cultures

Dans Cannibals and Kings⁚ The Origins of Cultures, publié en 1977, Harris poursuit son exploration du matérialisme culturel en examinant les origines et l’évolution des cultures humaines. Il propose une théorie de l’évolution culturelle basée sur l’idée que les sociétés évoluent en réponse aux contraintes environnementales et aux ressources disponibles.

Harris utilise des exemples variés pour illustrer son argument, tels que les sociétés cannibales de Nouvelle-Guinée, les empires précolombiens d’Amérique du Sud et les civilisations de l’Antiquité. Il examine les facteurs écologiques et économiques qui ont contribué à l’émergence de ces cultures, ainsi que les forces qui ont conduit à leur développement et à leur déclin.

Par exemple, Harris analyse les pratiques cannibales chez les Fore de Nouvelle-Guinée, en les reliant à la pénurie de protéines dans leur environnement. Il soutient que le cannibalisme, bien que choquant pour les cultures occidentales, était une adaptation nécessaire à la survie dans un environnement pauvre en ressources.

Cultural Materialism⁚ The Struggle for a Science of Culture

Publié en 1979, Cultural Materialism⁚ The Struggle for a Science of Culture est un ouvrage majeur qui présente la vision de Harris sur l’anthropologie et la méthode du matérialisme culturel. Il y défend l’idée que la culture est un système adaptatif qui évolue en réponse aux besoins matériels et aux contraintes de l’environnement.

Harris critique les approches interprétatives et idéalistes de la culture, arguant qu’elles ne parviennent pas à expliquer les fondements matériels des pratiques culturelles. Il propose une méthode scientifique pour l’étude de la culture, basée sur l’observation systématique des relations entre les conditions matérielles, les comportements et les croyances.

L’ouvrage s’articule autour de trois niveaux d’analyse ⁚ l’infrastructure, la structure et la superstructure. L’infrastructure correspond aux conditions matérielles de la vie, telles que la technologie, l’économie et l’environnement. La structure comprend les institutions sociales et les relations de pouvoir. La superstructure englobe les idées, les croyances, les valeurs et les symboles culturels.



Impacto y legado

L’œuvre de Harris a profondément marqué l’anthropologie américaine, suscitant de nombreux débats et discussions sur la nature et l’étude de la culture.

Influencia en la antropología estadounidense

L’influence de Marvin Harris sur l’anthropologie américaine est indéniable. Son approche matérialiste, qui mettait l’accent sur les facteurs économiques et écologiques dans la formation des cultures, a remis en question les perspectives dominantes de l’époque, notamment le fonctionnalisme et l’interprétativisme. Il a contribué à introduire une dimension scientifique dans l’étude de la culture, en cherchant à expliquer les pratiques et les croyances sociales à partir de leurs bases matérielles et environnementales.

Harris a également joué un rôle important dans la promotion de l’anthropologie comme discipline interdisciplinaire, en intégrant des concepts et des méthodes d’autres sciences sociales, comme l’économie, la sociologie et l’écologie. Son travail a inspiré de nombreux anthropologues américains à s’engager dans des recherches empiriques et à analyser les cultures dans leur contexte socio-économique et environnemental.

L’héritage de Harris se retrouve dans les travaux de nombreux anthropologues contemporains qui continuent à explorer les relations entre la culture, l’économie et l’environnement. Son approche matérialiste a contribué à enrichir la compréhension de la diversité culturelle et de l’adaptation humaine aux différents milieux.

Críticas a su enfoque

Malgré son influence considérable, l’approche matérialiste de Marvin Harris a également fait l’objet de critiques. Certains anthropologues ont reproché à son modèle de réduire la complexité des cultures à des facteurs matériels et environnementaux, négligeant ainsi les dimensions symboliques, idéologiques et subjectives de la vie sociale. Ils ont soutenu que la culture n’est pas simplement un produit de l’adaptation à l’environnement, mais qu’elle est également façonnée par des processus symboliques, des valeurs et des croyances partagées.

D’autres critiques ont pointé du doigt le caractère déterministe du matérialisme culturel, qui semble suggérer que les cultures sont entièrement déterminées par leurs conditions matérielles. Ils ont argumenté que les cultures sont des systèmes dynamiques et flexibles, capables de s’adapter et de changer en fonction des circonstances, et que les individus ont un rôle actif dans la construction et la transformation de leurs cultures.

Enfin, certains ont reproché à Harris de simplifier les cultures et de les présenter comme des systèmes homogènes, ignorant ainsi les variations internes et les conflits qui peuvent exister au sein de chaque société. Ils ont suggéré que les analyses matérialistes doivent tenir compte de la diversité et de la complexité des cultures, et ne pas se contenter de généralisations.

Conclusión

Marvin Harris a laissé une empreinte indélébile sur le paysage de l’anthropologie américaine. Ses travaux ont contribué à l’essor du matérialisme culturel et ont stimulé de nombreuses discussions et débats au sein de la discipline. Bien que son approche ait été critiquée pour son déterminisme et sa simplification des cultures, elle a également permis de mettre en évidence l’importance des facteurs matériels et environnementaux dans la formation des systèmes culturels. Son héritage réside dans sa contribution à l’étude des relations complexes entre la culture, l’environnement et la technologie, et dans son engagement à comprendre les fondements matériels des comportements humains.

L’œuvre de Harris continue d’inspirer et de provoquer des réflexions dans le domaine de l’anthropologie, et son approche reste une source d’inspiration pour les chercheurs qui s’intéressent aux relations entre la culture, la société et l’environnement. Son engagement à l’égard de l’analyse scientifique et à la recherche de causes ultimes a contribué à façonner notre compréhension de la diversité culturelle et de l’adaptation humaine.

9 thoughts on “Marvin Harris: Un Anthropologue Matérialiste

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