L’Étude Monstre de Wendell Johnson



L’Étude Monstre sur le Bègaiement, de Wendell Johnson

L’Étude Monstre, menée par Wendell Johnson à l’Université de l’Iowa en 1939, est un exemple tragique de recherche scientifique mal conduite et éthiquement inacceptable. Cette étude a impliqué des enfants orphelins auxquels on a diagnostiqué à tort un bégaiement, dans le but d’étudier l’impact du langage sur le développement psychologique.

Introduction

L’Étude Monstre, également connue sous le nom d’Étude de la Monstruosité, est un événement sombre et controversé de l’histoire de la psychologie du langage; Dirigée par Wendell Johnson, un éminent chercheur de l’Université de l’Iowa, cette étude a eu un impact dévastateur sur la vie de plusieurs enfants orphelins. En 1939, Johnson et son équipe ont mené une expérience visant à étudier l’impact du langage sur le développement psychologique, mais leur approche a été profondément défectueuse, tant sur le plan éthique que scientifique.

L’étude a été conçue pour tester l’hypothèse de Johnson selon laquelle le bégaiement, un trouble de la parole caractérisé par des répétitions, des blocages et des prolongations de sons, était un phénomène appris plutôt qu’un trouble inné. Pour ce faire, les chercheurs ont choisi un groupe d’enfants orphelins en bonne santé linguistique et ont intentionnellement induit chez eux un sentiment de peur et d’anxiété face à la parole, en leur répétant constamment qu’ils étaient des bègues.

Les conséquences de cette manipulation cruelle ont été désastreuses, laissant des cicatrices psychologiques profondes et durables sur les enfants participants. L’Étude Monstre est devenue un symbole de la nécessité d’une recherche éthique et responsable, et a contribué à façonner les normes éthiques actuelles pour la recherche sur les êtres humains.

Le Bègaiement ⁚ Un Trouble du Langage

Le bégaiement, également appelé dysphemia ou dysfluency, est un trouble du langage caractérisé par des interruptions et des répétitions involontaires dans le flux de la parole. Ces interruptions peuvent prendre différentes formes, notamment des répétitions de sons, de syllabes ou de mots (par exemple, “b-b-b-bonjour”), des blocages (par exemple, une pause prolongée avant de pouvoir prononcer un son), des prolongations de sons (par exemple, “mmmm-aman”), ou des mots remplacés par des expressions non verbales.

Le bégaiement peut avoir un impact significatif sur la vie des personnes qui en souffrent, affectant leur communication, leur confiance en soi et leur bien-être psychologique. Il peut également entraîner des difficultés sociales, professionnelles et éducatives. Bien que le bégaiement soit un trouble complexe avec des causes multiples, il est généralement considéré comme un trouble neurodéveloppemental qui affecte les mécanismes cérébraux impliqués dans la planification et l’exécution de la parole.

Les causes du bégaiement sont encore mal comprises, mais plusieurs facteurs peuvent jouer un rôle, notamment la génétique, le développement du langage, les facteurs environnementaux et les facteurs psychologiques.

Définition et Caractéristiques

Le bégaiement, ou dysphemia, est un trouble du langage caractérisé par des interruptions et des répétitions involontaires dans le flux de la parole. Ces interruptions peuvent prendre différentes formes, notamment ⁚

  • Répétitions ⁚ Répétition de sons, de syllabes ou de mots (par exemple, “b-b-b-bonjour”).
  • Blocages ⁚ Pause prolongée avant de pouvoir prononcer un son.
  • Prolongations ⁚ Élongation d’un son (par exemple, “mmmm-aman”).
  • Mots remplacés ⁚ Utilisation de mots ou d’expressions non verbales pour remplacer un mot difficile à prononcer.

Le bégaiement peut être accompagné de comportements secondaires, tels que des mouvements corporels, des expressions faciales ou des changements de posture, souvent utilisés par les personnes qui bègaient pour essayer de surmonter les difficultés de parole.

Les personnes qui bègaient peuvent également ressentir de l’anxiété, de la frustration ou de la honte en raison de leur trouble.

Causes et Facteurs de Risque

Les causes exactes du bégaiement sont encore mal comprises, mais on pense qu’il s’agit d’une combinaison de facteurs génétiques, neurologiques et environnementaux.

  • Facteurs génétiques ⁚ Le bégaiement a une composante héréditaire, avec un risque accru pour les enfants ayant des parents ou des frères et sœurs qui bègaient.
  • Facteurs neurologiques ⁚ Des études ont montré que des différences dans le fonctionnement du cerveau, notamment dans les zones liées au langage et à la motricité, pourraient être impliquées dans le bégaiement.
  • Facteurs environnementaux ⁚ Des facteurs tels que la rapidité de la parole des parents, le stress, les changements importants dans la vie d’un enfant (comme un déménagement ou une naissance) peuvent également jouer un rôle dans le développement du bégaiement.

Le bégaiement apparaît généralement entre 2 et 7 ans, période où le langage se développe rapidement.

Impact Psychologique et Social

Le bégaiement peut avoir un impact significatif sur la vie des personnes qui en souffrent, tant sur le plan psychologique que social. La peur de parler en public, le sentiment de honte et d’embarras, et la frustration de ne pas pouvoir s’exprimer librement peuvent engendrer un manque de confiance en soi, de l’anxiété et de la dépression.

Le bégaiement peut également entraîner des difficultés dans les relations sociales, notamment dans la communication avec les pairs, les amis et la famille. Les personnes qui bègaient peuvent se sentir marginalisées et éviter les situations où elles pourraient être amenées à parler, ce qui peut limiter leurs opportunités sociales et professionnelles.

Il est important de souligner que le bégaiement n’est pas une mesure de l’intelligence ou de la compétence d’une personne.

Wendell Johnson ⁚ Un Pionnier de la Psychologie du Langage

Wendell Johnson (1906-1965) était un psychologue américain reconnu pour ses contributions pionnières dans le domaine de la psychologie du langage, en particulier dans l’étude du bégaiement. Il a obtenu son doctorat à l’Université de l’Iowa en 1931, et a ensuite rejoint le département de psychologie de cette même université, où il a mené une grande partie de ses recherches.

Johnson a développé une théorie de la « dyssfluency », qui mettait l’accent sur les aspects comportementaux et environnementaux du bégaiement. Il a soutenu que le bégaiement n’était pas simplement un problème physiologique, mais plutôt un trouble du langage qui pouvait être influencé par des facteurs psychologiques et sociaux.

Ses travaux ont eu un impact important sur la compréhension et le traitement du bégaiement, et il est considéré comme l’un des fondateurs de la discipline de la pathologie de la parole et du langage.

Biographie et Contributions

Wendell Johnson, né en 1906, a fait ses études à l’Université de l’Iowa, où il a obtenu son doctorat en psychologie en 1931. Il a ensuite rejoint le département de psychologie de cette même université, où il a enseigné et mené des recherches pendant plus de trois décennies.

Johnson a été un pionnier dans le domaine de la psychologie du langage, en particulier dans l’étude du bégaiement. Il a publié de nombreux articles et livres sur le sujet, et a développé une théorie de la « dyssfluency », qui mettait l’accent sur les aspects comportementaux et environnementaux du bégaiement.

Ses travaux ont eu un impact significatif sur la compréhension et le traitement du bégaiement, et il est considéré comme l’un des fondateurs de la discipline de la pathologie de la parole et du langage.

La Théorie de la « Dyssfluency »

La théorie de la « dyssfluency » de Wendell Johnson, développée dans les années 1930, propose que le bégaiement ne soit pas un trouble neurologique intrinsèque, mais plutôt un comportement appris et maintenu par des facteurs environnementaux.

Johnson soutenait que les enfants qui bégayaient étaient souvent étiquetés comme tels par leur entourage, ce qui conduisait à un sentiment de gêne et d’anxiété. Cette anxiété, à son tour, renforçait les comportements de bégaiement, créant un cycle vicieux.

Selon Johnson, le bégaiement était donc une « dyssfluency », un terme qui souligne le caractère non-pathologique du phénomène. Il mettait l’accent sur l’importance de l’environnement et des interactions sociales dans le développement du bégaiement.

L’Étude Monstre ⁚ Contexte et Méthodologie

L’Étude Monstre a été menée au sein du Laboratoire de Psychologie du Langage de l’Université de l’Iowa, un centre de recherche réputé pour ses contributions à la compréhension du développement du langage.

L’équipe de recherche, dirigée par Wendell Johnson, a recruté un groupe d’enfants orphelins âgés de 5 à 15 ans. Ces enfants, qui ne présentaient aucun signe de bégaiement, ont été divisés en deux groupes ⁚ un groupe de contrôle et un groupe expérimental.

Le groupe de contrôle a reçu un traitement standard pour le bégaiement, tandis que le groupe expérimental a été soumis à un programme d’entraînement intensif axé sur la création d’une « conscience de la dyssfluency ». Les chercheurs ont intentionnellement étiqueté les enfants du groupe expérimental comme étant « bègues », leur faisant croire qu’ils avaient un problème de langage.

L’Université de l’Iowa et le Laboratoire de Psychologie du Langage

L’Université de l’Iowa, située dans la ville d’Iowa City, était à l’époque un centre majeur de recherche en psychologie du langage. Le Laboratoire de Psychologie du Langage, dirigé par Wendell Johnson, était connu pour ses travaux pionniers sur le développement du langage, le bégaiement et les troubles de la parole.

Le laboratoire disposait de ressources considérables, notamment une équipe de chercheurs expérimentés, des installations de recherche dédiées et un accès à une population d’enfants orphelins qui étaient souvent utilisés comme sujets de recherche.

Ce contexte institutionnel, combiné à l’influence de Johnson, a contribué à créer un environnement propice à la réalisation de l’Étude Monstre, malgré les implications éthiques alarmantes.

Les Participants ⁚ Des Enfants Orphelins

Les participants à l’Étude Monstre étaient des enfants orphelins hébergés dans l’orphelinat de l’Université de l’Iowa. Ces enfants, âgés de 5 à 15 ans, étaient vulnérables et dépendants des adultes qui les entouraient.

Leur situation particulière les rendait particulièrement sensibles à l’influence des chercheurs, ce qui a soulevé des questions éthiques majeures quant à leur consentement et leur protection.

Le choix de ces enfants comme sujets de recherche témoigne d’une certaine indifférence à leur bien-être, reflétant une vision paternaliste et utilitariste de la recherche scientifique de l’époque.

Le Protocole Expérimental

Le protocole de l’Étude Monstre consistait à diviser les enfants en deux groupes. Le premier groupe, désigné comme groupe “contrôle”, était composé d’enfants qui ne présentaient aucun trouble du langage. Le second groupe, le groupe “expérimental”, était constitué d’enfants qui ne bégaient pas, mais auxquels on a diagnostiqué à tort un bégaiement.

Les chercheurs ont ensuite mis en place un programme de “thérapie” visant à renforcer les perceptions négatives du langage des enfants du groupe expérimental. Les enfants de ce groupe ont été constamment critiqués et corrigés pour leurs erreurs de prononciation, tandis que les enfants du groupe contrôle ont reçu des encouragements et des compliments sur leurs capacités de langage.

Les Résultats Dévastateurs

Les résultats de l’Étude Monstre ont été catastrophiques. Les enfants du groupe “expérimental”, qui avaient été faussement étiquetés comme bègues, ont développé des troubles du langage importants et durables. Ils ont commencé à bégaier réellement, à éviter la communication et à souffrir d’une faible estime de soi. Certains ont même développé des symptômes de dépression et d’anxiété.

L’impact psychologique sur ces enfants était profond et durable. Ils ont été marqués à vie par l’expérience traumatisante de l’Étude Monstre, qui a non seulement aggravé leurs difficultés de langage mais a également semé le doute et l’incertitude sur leurs capacités et leur valeur personnelle.

L’Impact sur les Enfants

L’impact de l’Étude Monstre sur les enfants participants a été dévastateur. Les enfants du groupe “expérimental”, qui avaient été faussement étiquetés comme bègues, ont développé des troubles du langage importants et durables. Ils ont commencé à bégaier réellement, à éviter la communication et à souffrir d’une faible estime de soi. Certains ont même développé des symptômes de dépression et d’anxiété.

L’impact psychologique sur ces enfants était profond et durable. Ils ont été marqués à vie par l’expérience traumatisante de l’Étude Monstre, qui a non seulement aggravé leurs difficultés de langage mais a également semé le doute et l’incertitude sur leurs capacités et leur valeur personnelle.

La Controverse Éthique

L’Étude Monstre a suscité une controverse éthique majeure, car elle a violé les principes fondamentaux de la recherche scientifique et de l’éthique médicale. Les enfants participants n’ont pas été informés de la nature véritable de l’expérience, ni de ses risques potentiels. Ils ont été manipulés et utilisés comme des cobayes, sans leur consentement ni celui de leurs tuteurs légaux.

L’absence de consentement éclairé, l’utilisation de méthodes de recherche non éthiques et le préjudice psychologique infligé aux enfants ont été vivement critiqués par la communauté scientifique et le public. L’Étude Monstre est devenue un exemple emblématique de la nécessité de respecter les normes éthiques dans la recherche, et de protéger les participants vulnérables de toute exploitation.

Conséquences et Répercussions

L’Étude Monstre a eu des conséquences profondes et durables sur la recherche en psychologie du langage et sur l’éthique de la recherche en général. La publication des résultats de l’étude a été accueillie avec une vive indignation par la communauté scientifique, qui a dénoncé la méthodologie et l’éthique de la recherche. L’étude a contribué à alimenter un débat sur le rôle de la recherche scientifique dans la société et sur la nécessité de protéger les participants de toute exploitation.

L’Étude Monstre a également eu un impact sur la compréhension du bégaiement. Les résultats de l’étude ont remis en question la théorie de la « dyssfluency » de Wendell Johnson, qui affirmait que le bégaiement était un trouble du langage acquis. L’étude a montré que l’environnement et les interactions sociales peuvent jouer un rôle important dans le développement du bégaiement.

La Réponse de la Communauté Scientifique

La publication des résultats de l’Étude Monstre a provoqué une onde de choc au sein de la communauté scientifique. Les chercheurs ont vivement critiqué la méthodologie de l’étude, la considérant comme étant non seulement scientifiquement déficiente, mais aussi éthiquement inacceptable. La manipulation des enfants orphelins et la création artificielle d’un bégaiement ont été jugées immorales et contraires aux principes fondamentaux de la recherche scientifique.

De nombreux articles et publications ont dénoncé l’Étude Monstre, soulignant les dangers d’une recherche mal conduite et les conséquences potentiellement dévastatrices pour les participants. La communauté scientifique a exigé une plus grande vigilance et une meilleure protection des sujets de recherche, ainsi qu’une réflexion approfondie sur les implications éthiques de la recherche.

Les Implications pour la Recherche Éthique

L’Étude Monstre a eu un impact profond sur l’évolution des normes éthiques dans la recherche scientifique. Cet événement a mis en lumière l’importance cruciale de la protection des sujets de recherche et la nécessité de respecter leur dignité et leur bien-être. L’étude a conduit à la création de comités d’éthique de la recherche, chargés d’évaluer la sécurité et l’intégrité des projets de recherche avant leur mise en œuvre.

Les principes éthiques de la recherche, tels que le consentement éclairé, la confidentialité et la non-malfaisance, ont été renforcés suite à cette tragédie. L’Étude Monstre a servi de leçon douloureuse, rappelant aux chercheurs l’importance de la responsabilité scientifique et la nécessité de respecter les normes éthiques les plus strictes dans la conduite de leurs recherches.

L’Héritage Durable de l’Étude Monstre

Malgré son caractère tragique, l’Étude Monstre continue d’avoir un impact durable sur la recherche sur le bégaiement et sur la compréhension des troubles du langage. Elle a mis en évidence la complexité du bégaiement et la nécessité d’une approche multidisciplinaire pour son traitement. L’étude a également contribué à la sensibilisation aux effets psychologiques et sociaux du bégaiement, encourageant le développement de programmes de soutien et d’interventions thérapeutiques plus holistiques.

L’Étude Monstre reste un exemple poignant de la nécessité de la rigueur scientifique et de la responsabilité éthique dans la recherche. Elle nous rappelle l’importance de protéger les sujets de recherche et de garantir que les connaissances acquises servent à améliorer la vie des individus, et non à leur nuire.

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